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Qu’est-ce que la Créséide ?
La Créséide est une monnaie, qui tient son nom du roi qui l’a instiguée : Crésus. Elle était basée sur le principe du bimétallisme, dans lequel deux métaux précieux servent d’étalon pour fixer le cours de la monnaie, tout en servant également de monnaies d’échange.
Les pièces de Créséide étaient ainsi frappées en or ou argent et réparties en 4 unités principales : le statère, le trité, l’hecté et l’obole. Chacune équivalait à un poids fixe en or et en argent.
Le statère d’or représentait l’unité de base et pesait départ 8,17 grammes. À partir du statère, on valorisait le trité (⅓ de statère, pesant 2,72 grammes) et l’hecté (⅙ de statère, pesant 1,36 gramme).
Puisqu’il s’agissait d’un système bimétallique, on trouvait également une équivalence entre or et argent. Un statère d’argent, d’un poids de 10,89 grammes, valait par exemple 1/10 d’un statère d’or.
Par la suite, le système s’est développé pour faciliter les échanges avec les cités voisines, qui utilisaient encore l’électrum comme monnaie d’échange. De nouvelles frappes ont eu lieu, instaurant également un statère d’or à 10,89 grammes, et modifiant dans le même temps le poids des autres pièces de monnaie (valant toujours respectivement ⅓ et ⅙ de statère).
Si l’on connaît aujourd’hui Crésus pour sa richesse, qui a même donné son nom à une expression (“riche comme Crésus”), il y a d’autres choses à retenir de ce roi de Lydie. La Créséide représente en effet l’un des ancêtres de notre monnaie, qui marque les débuts de l’histoire du bimétallisme.
Quelles sont les origines de cette monnaie ?
Plusieurs historiens font mention de la Créséide dans leurs écrits et nous permettent d’en savoir plus sur ses origines. On sait ainsi que c’est Crésus, ayant régné sur le Royaume de Lydie (pays qui constituait une partie de la Turquie actuelle), sur une période que l’on estime entre 561 et 546 avant J.-C, qui a décidé de frapper cette monnaie. L’émission a alors lieu dans la capitale du Royaume de Lydie : Sardes (ville actuelle de Sart).
En prenant cette décision, Crésus met fin aux monnaies d’électrum dans son pays, pour les remplacer par le bimétallisme or et argent. Avant l’arrivée de la Créséide, c’était en effet l’électrum, un alliage naturel d’or et d’argent, qui servait d’étalon et de monnaie. Cela était vrai en Lydie, mais également dans les cités grecques qui se trouvaient non loin de là.
Déjà avant Crésus, la Lydie faisait office de précurseur dans les frappes de monnaie. Le travail des archéologues et l’étude des écrits d’Hérodote ont en effet permis de mettre à jour différents types de monnaies frappées sous les règnes de Gygès, d’Ardys et d’Alyattès.
Il est donc difficile d’attribuer la paternité des pièces d’or ou des pièces d’argent à Crésus, puisque les rois qui l’ont précédé avaient également compris l’intérêt de frapper des pièces constituées de métaux précieux. On retient toutefois le Créséide comme monnaie originelle, puisque l’or et l’argent purs viennent remplacer l’électrum. Il s’agissait d’un métal composé de ces deux métaux précieux, mais en proportion variable et difficilement évaluable.
On ne connaît pas l’année exacte des premières émissions de pièces de Créséide, mais toujours est-il qu’elles ont réussi à s’imposer face à l’électrum. Ce système du bimétallisme a même inspiré les contrées voisines, jusqu’à l’Empire Romain, utilisant alors l’argent et le cuivre comme métaux de référence.
Toutefois, l’émission de Créséides n’a pas duré très longtemps, puisque la fin du règne de Crésus en Lydie en 546 avant J.-C. met également fin à la frappe de cette monnaie lydienne.
Comment étaient les pièces de Créséide ?
Les archéologues ont retrouvé des vestiges du Royaume de Lydie, avec des pièces de Créséide en plus ou moins bon état. On peut ainsi constater que les Créséides n’étaient pas des pièces rondes et régulières comme elles le sont de jours, mais que leurs reliefs n’en restent pas moins précis.
Quelle que soit l’unité, on retrouve toujours les mêmes éléments sur une pièce de monnaie Créséide. Sur l’avers, on voit la tête et la crinière d’un lion, faisant face à une tête de taureau. Ces animaux sont deux symboles de puissance, et le lion était déjà présent sur les précédentes monnaies lydiennes, comme symbole de l’autorité royale.
Sur le revers de la pièce, on aperçoit simplement deux carrés creux irréguliers. Ils n’ont a priori pas été apposés volontairement, mais résultent des marques laissées par les poinçons lors de la frappe.
Quelle est la valeur actuelle d’une pièce de Créséide ?
Si l’on se réfère purement à la valeur intrinsèque des pièces de Créséide, on pourrait par exemple affirmer qu’un statère d’or de 8,17 grammes (composé presque uniquement d’or pur), vaut : 8,17 x prix du gramme de l’or, soit environ 8,17 x 55 euros (prix constaté le 21/12/2022¹), c’est-à-dire 449,35 euros.
Toutefois, les pièces de Créséide ne sont pas considérées comme des monnaies d’investissement, mais comme des monnaies de collection. Très anciennes, rares et parfois conservées dans un bon état, elles peuvent en réalité valoir plusieurs milliers d’euros sur le marché de la numismatique.
Si vous envisagez de réaliser votre premier achat d’or ou d’argent pour investir, ce n’est donc pas vers ce type de pièces qu’il faut vous tourner ! Privilégiez plutôt des monnaies plus récentes, voire modernes, facilement disponibles et à des prix plus abordables. Mais si toutefois vous héritez d’une pièce de Créséide, alors sachez qu’elle a une grande valeur et qu’elle ne devrait pas être revendue pour sa masse d’or ou d’argent, mais bien pour sa valeur numismatique.