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Cours de l'or
Cours de l'argent
Quelle est la définition du bimétallisme ?
Le bimétallisme est un système monétaire qui repose sur deux métaux précieux, généralement l’or et l’argent. Ils ont un rôle de métaux étalons, c’est-à-dire que toute monnaie a une valeur fixe (cours légal) qui correspond à un certain poids d’or et à un certain poids d’argent métal. Dans ce système, toute monnaie peut être échangée dans l’un ou l’autre des deux métaux précieux à un taux défini et on peut également échanger de l’or contre de l’argent, et vice-versa.
Dans une économie fondée sur le bimétallisme, les paiements peuvent aussi bien s’effectuer en monnaie fiduciaire (pièces et billets) qu’avec de l’or ou de l’argent.
Quelle est l’histoire du bimétallisme ?
Selon certaines sources (l’historien grec Hérodote notamment), le bimétallisme remonterait au VIᵉ siècle avant J.-C., époque où Créon l’aurait instauré dans son royaume de Lydie. Il décida en effet d’émettre deux monnaies, l’une en or et l’autre en argent. Le système s’est ensuite répandu jusqu’aux pays voisins, qui basaient plutôt le bimétallisme sur l’argent et le bronze.
Sous l’Empire romain, puis au Moyen-Âge et au cours des siècles qui ont suivi, le bimétallisme continue à faire son chemin et on retrouve l’or et l’argent comme métaux étalons.
Au gré des nouvelles découvertes d’or et des périodes de raréfaction, les taux évoluent entre les deux métaux. Par exemple en France, la loi “germinal” de 1803, instituant le Franc germinal, instaure qu’une unité d’or équivaut à 15,5 unités d’argent.
Ce système monétaire a régné jusqu’au début des années 1900 à travers le monde. Mais plusieurs événements ont conduit à sa perte, notamment avec les découvertes de mines d’or aux États-Unis et en Australie au milieu du XIXᵉ siècle, puis les découvertes de mines d’argent un peu plus tard. Trop instable et menant naturellement vers le monométallisme, le bimétallisme finit par être officiellement remplacé par l’étalon-or, jusqu’aux accords de Bretton Woods après la Seconde Guerre mondiale.
Quelles sont les failles de ce système monétaire ?
Si le bimétallisme n’a pas survécu, c’est parce qu’il comporte un certain nombre de limites, empêchant son bon fonctionnement.
Le bimétallisme et la loi de Gresham
Marchand et financier ayant travaillé au service de la couronne anglaise au cours du XVIᵉ siècle, Thomas Gresham a mis en avant l’une des limites du bimétallisme. Selon la loi de Gresham, “la mauvaise monnaie chasse la bonne”. Comment interpréter cette loi ? C’est un principe relativement simple : dans ce système monétaire à deux métaux précieux, l’un est généralement considéré comme meilleur que l’autre. La “mauvaise monnaie” est utilisée pour réaliser les paiements afin de s’en débarrasser, tandis que la “bonne monnaie” est thésaurisée (épargnée). Il ne reste alors presque plus que la “mauvaise monnaie” en circulation, ce qui va à l’encontre du principe du bimétallisme et remet en cause l’équilibre monétaire et économique.
La différence entre le cours légal des métaux et leur valeur marchande
Le bimétallisme fonctionne grâce à la fixation d’un cours légal de l’or et de l’argent. On leur attribue une valeur fixe, qui permet de faciliter les échanges.
Toutefois, dans le même temps, ces métaux précieux sont utilisés comme matières premières, et non plus comme métaux étalons ou comme monnaies. Ils ont alors un cours libre, qui peut être différent du rapport légal fixé au sein du système monétaire.
Cela conduit à plusieurs phénomènes, notamment lors le cours libre a un rapport moindre que le cours légal (ex. : lorsqu’une unité d’or vaut trois unités d’argent sur le marché, mais cinq unités d’argent au cours légal).
D’abord, il y a le risque de voir les citoyens échanger leur or contre des unités d’argent au cours légal, puis de revendre cet argent sur le marché pour faire une plus-value. À grande échelle, cette pratique conduit à vider les réserves d’argent de la banque centrale, qui doit alors en racheter sur le marché à un taux plus élevé.
Dans le même ordre d’idée, les spéculateurs peuvent jouer avec les cours légaux pour espérer réaliser un gain. En récupérant du métal argent auprès de la banque centrale en échange d’or, cela va engendrer une potentielle réévaluation de l’argent, qui pourra alors de nouveau être échangé contre de l’or à un meilleur taux auprès de la banque centrale.
Lorsque le cours légal et le cours marchand diffèrent, la tendance est également à la thésaurisation, selon le même principe qu’énoncé dans la loi de Gresham. Les citoyens préfèrent thésauriser la monnaie qui leur permettra de faire une plus-value, ne laissant que l’autre monnaie en circulation. “La mauvaise monnaie chasse la bonne” et on en revient alors au monométallisme.
Toutes ces limites montrent l’équilibre fragile du bimétallisme et expliquent sa disparition au profil de l’étalon-or, puis du système de Bretton Woods et enfin au système de taux variables. L’achat or et argent reste pourtant un bon investissement à ce jour, bien que ces métaux ne servent plus d’étalons. Ils constituent aujourd’hui des valeurs refuges et des investissements tangibles pour diversifier une épargne.